lundi 26 novembre 2012

Les entretiens Concordia - Qui dit technologie dit d’abord stratégie

Selon un article paru dans le journal Le Devoir (26 novembre 2012)


Comme nous l'avons vu dans Le cours, le développement des technologies de l'information à connu un essor incroyable au cours des dernières années.  C'est d'ailleurs pourquoi plusieurs de nos entreprises québécoises ont adoptées le tournant technologique et ont investies massivement dans ce secteur très lucratif au cours des dernières années. Toutefois, il est intéressant de noter que comparativement aux autres provinces Canadienne et aux États-Unis, Les entreprises québécoises ont investis moins dans les technologies de l'information et des communications (TIC) et que nous enregistrons un léger retard à ce niveau. Ce texte nous décrit brièvement comment les Québecois ont su tirer profit des innovations possibles grâce aux technologies de l'information et comment ces changements affectent-ils nos entreprises.


Tirer profit des technologies de l’information pour augmenter la productivité de son entreprise, assurément, mais pas n’importe comment. La professeure à l’École de gestion John-Molson de l’Université Concordia Anne-Marie Croteau ne le répétera sans doute jamais assez : un investissement en technologie n’est garant de succès que s’il colle à une stratégie d’affaires clairement établie. 


Informatiser un système d’inventaire, un service de paye, partager des informations entre vendeurs, standardiser le travail de différents services ; les possibilités qu’offrent les technologies de l’information sont nombreuses, voire infinies, mais pour y trouver son compte, la spécialiste en gouvernance des technologies de l’information (TI) estime qu’il faut faire des gestes réfléchis. « Investir en technologie pour investir en technologie, ce n’est pas garant de réussite absolue, au contraire. Ce qui compte, c’est de savoir pourquoi on investit. »

Plusieurs entreprises d’ici veulent désormais sortir de ce carcan pour être plus rapides, favoriser les interactions, obtenir des données plus précises. Comme Mme Croteau l’enseigne à ses étudiants, nombreuses sont toutefois celles qui constatent une certaine tension entre les exigences du monde des technologies (« do it right ») et celui des affaires (« do it right now »).

Autrement dit, gare aux décisions hâtives lorsque vient le temps d’implanter une nouvelle infrastructure technologique. « Il faut faire une analyse des besoins auprès des gens qui sont dans l’action […] C’est un aller-retour entre ce qui se passe au niveau des opérations et la haute direction, explique-t-elle en faisant de grands gestes des mains, comme pour rendre palpable une dynamique plutôt abstraite. Il faut qu’un système soit bien intégré aux besoins d’affaires de l’entreprise. Il ne faut pas qu’un déterminisme technologique guide le déploiement de ce système. »


Une industrie en plein essor

Au Québec, l’industrie des technologies de l’information et des communications (TIC) a généré en 2009 près de 35 milliards de dollars et plus de 130 000 emplois. Selon les données de l’Institut de la statistique du Québec, entre 1998 et 2009, sa croissance annuelle au chapitre du PIB a été deux fois plus rapide que celle de l’ensemble de l’économie de la province. Grâce au crédit d’impôt pour le développement des affaires électroniques (CDAE), les entreprises québécoises dont au moins les trois quarts des revenus sont tirés des TIC peuvent par ailleurs recevoir jusqu’à 20 000 $ par employé admissible. En comparaison, les autres provinces canadiennes et les États-Unis conservent toutefois une confortable longueur d’avance en matière d’investissements.

La professeure et vice-doyenne aux programmes d’études supérieures de l’Université Concordia le reconnaît, mais assure par la même occasion que les entreprises québécoises sont généralement favorables à l’implantation de nouveaux systèmes de technologie de l’information, particulièrement celles qui proviennent du secteur manufacturier.

En plus des dirigeants qui s’affairent à implanter « une bonne infrastructure de base », de nombreux autres emploient également les TI en tant que moteur de leur innovation. « Lorsque la maison est en ordre, on peut ensuite se tourner vers d’autres technologies pour aller un peu plus loin et se différencier. » Et si le système s’accorde avec la stratégie d’affaires, « c’est payant », insiste la chercheuse en esquissant un large sourire.

De la disquette rigide aux plateformes mobiles et au cloud computing, Mme Croteau est la première à admettre que le développement technologique a été fulgurant au cours des dernières années. Mais attention, prévient-elle : les nouvelles possibilités qu’offrent des logiciels perfectionnés, des réseaux sociaux très populaires, mais aussi d’attrayants systèmes de partage de fichiers accessibles gratuitement sur Internet, comme Dropbox, s’accompagnent souvent d’une fausse impression de sécurité. « Qui possède le cloud computing, qui peut faire quoi avec ça ? » Trop peu de dirigeants et d’employés se posent ce genre de questions, déplore-t-elle.

En fait, à écouter cette observatrice attentive du monde des technologies et de leur implantation en entreprises, si le tournant des années 2000 a été marqué par une volonté d’échanger des informations pour augmenter la productivité, le début de cette décennie-ci nous apprendra peut-être que le partage à outrance et sans encadrement stratégique peut, à l’opposé, se révéler contre-productif.

Hackathon contre la corruption



Selon un article paru dans le journal Le Devoir (12 novembre 2012)


Court, mais couru et productif. Le grand marathon de programmation informatique consacré à la lutte contre la corruption dans l’administration publique a attiré plus de 150 programmeurs et spécialistes en base de données en fin de semaine à Montréal. Il a également fait naître plusieurs nouveaux outils de surveillance des contrats publics et des dons aux partis politiques imaginés par ces citoyens doués du talent de programmation.
Baptisé Hackons la corruption, l’événement orchestré par Québec Ouvert, qui milite pour la transparence par le numérique et les données libres, a été également une occasion de plus pour l’organisme de réclamer à Québec et aux municipalités l’accès à un plus grand nombre de données publiques non nominatives. Ces données peuvent stimuler, selon lui, cette participation citoyenne à la vie démocratique et par le fait même assainir l’environnement politique actuel.


« La totalité des projets issus de ce hackathon ont été réalisés avec des données qui ne sont pas ouvertes [et que les participants ont dû acquérir en faisant preuve d’ingéniosité, tout en restant dans la légalité]», a indiqué dimanche soir en conclusion de ce premier rassemblement d’as de l’informatique pour contrer la corruption Sébastien Pierre, de Québec Ouvert.


«Quand on voit le résultat que cela donne, quand on voit l’engouement pour cette rencontre, on est droit de demander au gouvernement qu’il fasse désormais son travail et donne aux citoyens un plus grand nombre de données dans des formats pratiques d’utilisation », a-t-il ajouté.


Parmi ces réalisations, le hackathon a fait naître le projet Donateurs qui propose, numériquement, de recenser les entreprises d’où émanent un grand nombre de dons aux partis politiques fait par des individus. La loi interdit les dons de compagnies qui contournent alors la chose en « incitant » un grand nombre d’employés prête-noms à faire des contributions.


L’application fonctionne en croisant les bases de données du Directeur général des élections du Québec sur les dons et les informations collectées sur le réseau social professionnel LinkedIn où 10 % des internautes du Québec ont élu domicile en ligne, pour le moment.


Autre outil : Contrats Net propose d’explorer les « relations contractuelles » dans les contrats publics des villes de Laval et Montréal, alors que SEAOO.ca a réussi à rendre facile d’accès et d’interrogation la base de données du service d’appels d’offres électronique de l’État, un système dont la complexité rend pour le moment très difficiles l’analyse et la surveillance de ces appels d’offres.


Ce premier marathon de programmation contre la corruption a reçu samedi la visite et l’appui de l’ancien directeur de l’unité anticollusion et actuel député caquiste de Saint-Jérôme, Jacques Duchesneau, qui est venu en après-midi motiver les troupes tout en rappelant l’importance de « mettre en place des outils de détection et de prévention des problèmes avant qu’ils ne deviennent endémiques, comme aujourd’hui », a-t-il indiqué, avant d’ajouter : « Je suis sûr que vous allez faire changer les choses. »